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vendredi 9 décembre 2022

Heavy Metal : que se passe-t-il dans la tête des métalleux ?

Mustasch

Brutality now becomes my appetite
Violence is now a way of life
The sledge my tool to torture
As it pounds down on your forehead.  

In: Hammer Smashed Face by Cannibal Corpse

Pourquoi diable les gens écoutent-ils volontairement de la musique hurlante et violente ? Le rock dit « Métal » est devenu populaire autour des années 1970 et n’a jamais perdu de sa popularité depuis, bien au contraire. Metallica, le groupe le plus influent dans ce genre de musique, est le champion toutes catégories, battant tous les records de succès, que ce soit en tournée, dans les studios ou en streaming, depuis maintenant 40 ans ininterrompus. Ces ensembles ont généralement des noms sinistres, de type Black Sabbath, Megadeth, Slayer, Judas Priest, Anthrax, Rage Against the Machine, Napalm Death …. et les paroles parlent de mort, de souffrance et de destruction.

Comme c’est le cas pour tous les styles de musique, le Metal s’accompagne de codes, d’un style vestimentaire, d’une esthétique de type viking, avec des crânes et des épées, des bagues en forme de tête de mort, des vêtements en cuir ; les hommes portent les cheveux longs, qu’il convient de secouer en rythme (headbanging). Il existe de nombreux sous-genres, tels que heavy metal, black metal, death metal, metalcore,  gothic, thrash, doom, latin, power, Christian (si! si!), symphonic metal, glam, power, speed, industrial metal…..




Les adeptes de ce type de musique ne sont pas des vampires assoiffés de sang, ce ne sont pas eux qui dégomment des gens dans des centres commerciaux avec des armes semi-automatiques ou des couteaux. Bien au contraire, ce sont souvent des gens très doux, calmes et intelligents. Il arrive même que des musiciens de rock Metal finissent par se tourner vers l’opéra. Plusieurs études se sont penchées sur le profil psychologique des fans de Metal et sont parvenues à la conclusion que les décibels à donf, les rythmes rapides et saccadés, les riffs agressifs à la guitare et les hurlées gutturales avaient un effet apaisant sur les âmes tourmentées. Le Metal offre un exutoire à des émotions et à des angoisses qui n’arrivent pas à s’extérioriser autrement, c’est une véritable thérapie. Les fans trouvent leur catharsis dans ces rugissements d’outre-tombe, ils n’ont plus besoin de hurler eux-mêmes. En outre, le fait d’aller à des concerts ou à des festivals de Metal (Wacken en Allemagne, Hellfest en France) permet d’appartenir à une communauté qui vibre à l’unisson. Le public qui assiste à ces rassemblements de métalleux est gai et joyeux, on se croirait plutôt à un carnaval ou à une fête populaire. 

Number of metal bands per capita in Europe

Alors que les musiciens classiques sont valorisés et qualifiés de petits prodiges, le Heavy Metal est quant à lui souvent associé à l’échec, qu’il soit scolaire ou social. Toutefois, aimer le Metal ne signifie pas qu’on soit forcément malheureux. En 2021, la Finlande a été classée « Pays le plus heureux au monde », suivie du Danemark, de la Suisse, de l’Islande, des Pays-Bas et de la Norvège. Par ailleurs, la Finlande est le pays qui a la plus forte proportion de groupes de Metal par habitant au monde : 42,6/100.000 habitants en 2021, suivie de l’Islande (32), la Suède (22), les Iles Féroé (21), Saint-Pierre et Miquelon (19) et la Norvège (18). On distingue clairement un schéma : de petits pays froids où il fait nuit la moitié de l’année. Selon Bloomberg City Lab, le nombre de groupes de Metal dans un pays donné correspond à son niveau de prospérité et suit également sa courbe de productivité par habitant, son degré de créativité, d’entreprenariat, de développement humain, de bien-être et de satisfaction vis-à-vis de la vie. On ne saurait affirmer que le Metal en soit la seule source, mais il est néanmoins avéré que ce genre musical est une source de bonheur. Toujours selon Bloomberg, cette observation a poussé le gouvernement finlandais à inscrire l’apprentissage de la musique comme branche obligatoire dans les écoles, car cela permet d’améliorer le bien-être des élèves.  On peut affirmer que le Metal a contribué au niveau exceptionnellement élevé de bonheur de tous ces pays d’Europe du Nord. 

Metallica



En 2018, William Forde Thompson et al. ont réalisé trois études sur le profil psychologique des adeptes de Metal, d’autres sont en cours. Un autre chercheur, Tuomas Eerola, a quant à lui étudié l’attrait de la musique triste. Ils parviennent effectivement à la conclusion que le Metal est une soupape permettant d’évacuer tout ce qui encombre et épuise la psyché, mais uniquement pour ceux qui aiment ce type de musique. Des expériences faites sur des souris dans un labyrinthe ont pu démontrer que le groupe qui avait dû écouter du Mozart s’en sortait mieux que celui qui avait été soumis à du Metal; une autre étude démontrait que les souris qui avaient écouté du Metal avaient envie de s’entretuer ….. mais c’est sans doute parce qu’elles n’ont pas l’appareil critique permettant d’analyser et de trier ces sons extrêmement agressifs. 

La plupart des musiciens Metal ont commencé à un âge très jeune et se sont distingués, dès tout petits, par leurs aptitudes cognitives particulières. Les jeunes dont le QI se situe autour de 140 sont souvent piégés par ce cadeau empoisonné, ils se sentent très isolés et sont souvent très malheureux. Malgré leur jeune âge, ils comprennent parfaitement bien le monde adulte qui les entoure. Ils sont très conscients du risque d’échec, de tous les dangers qu’ils encourent, ce qui peut provoquer chez eux une paralysie émotionnelle. Leur état de frustration tourne ensuite à l’angoisse, à la perte d’estime de soi, voire à la dépression. Comme réaction de défense, l’enfant se repliera sur lui-même et évitera les interactions sociales. Inversément, ils reconnaissent leurs pairs et se retrouvent dans la communauté des métalleux, une tribu au sein de laquelle ils se sentent chez eux, apaisés.

Les fans de Metal sont une petite communauté d’initiés qui parviennent à comprendre et à décoder les vibrations secrètes diffusées par ce type de musique. Ils ne sont pas mainstream, leur musique n’est pas commerciale et ils ont des affinités entre eux, un peu comme s’ils étaient membres de la même secte. Leur signe de ralliement est le symbole des cornes du diable formé par un main dont l’index et l’annulaire sont levés. Des métalleux des quatre coins du monde peuvent devenir amis en se retrouvant au culte d’un concert ou d’un festival. Serait-ce là la solution pour parvenir à la paix dans le monde ?

Comfort doesn’t always come in a hug, sometimes it comes in a scream.




Et si Stranger Things rajeunissait le métal ?


https://cognitiontoday.com/the-social-psychology-of-heavy-metal-rock-music-research-on-metalheads


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1158149/musique-death-metal-joie-violence-etude-universite


Musique classique et Métal : des univers pas si éloignés que ça


Why metalheads are happier people


jeudi 16 juin 2022

Un voisin bien encombrant

Février 1940, à 100 mètres des troupes soviétiques


Un Russe restera toujours un Russe, même si on le fait frire dans du beurre

Ryssä on ryssä vaikka voissa paistaisi -dicton finlandais


Le 24 février 2022, la Russie envoie ses troupes attaquer l’Ukraine, pour la libérer, la dénazifier. Le 30 novembre 1939, l’Union soviétique lance son attaque contre la Finlande, afin d’avancer ses lignes de défense contre l’Allemagne nazie, en dépit d’un pacte de non-agression signé en 1932. Ces deux événements parfaitement parallèles sont distants de 83 ans, mais l’histoire se répète d’une façon absolument effrayante. Les Nations Unies et l’Union européenne ont vu le jour au lendemain de la Seconde guerre mondiale dans l’espoir de faire régner la paix dans le monde et dire Plus jamais ça !. Ce projet aura tenu un peu moins d’un siècle dans le monde occidental, la guerre faisant rage partout ailleurs dans le monde ou presque.


L’opération spéciale russe en Ukraine est tout aussi illégale et injustifiée que l’était l’invasion soviétique en 1939. Dans les deux cas, une énorme puissance militaire attaque son frêle voisin, au prétexte de vouloir protéger sa sécurité et son intégrité territoriale. Les Finlandais ont résisté à des troupes quatre fois plus nombreuses que les leurs, l’asymétrie est certainement encore plus marquée pour les Ukrainiens, qui jouissent toutefois d’un énorme soutien occidental, ce n’était certainement pas le cas pour leurs frères nordiques. Ces petits pays ont l’avantage stratégique de connaître leur terrain, ils sont en outre animés d’une flamme patriotique et du besoin de défendre leur terre, leur famille, leur avenir, autrement dit leur survie en tant que peuple. Le courage et la ténacité des Ukrainiens ressemblent à ce qu’on appelle le « sisu » en Finlande, c’est-à-dire une force mentale d’airain, une détermination inébranlable et une persévérance tenace qui leur permettront de se tremper dans un lac gelé, d’affronter un ours ou de combattre les troupes soviétiques. Les Ukrainiens retranchés à Marioupol résistent encore et toujours à l’envahisseur … mais quelle est donc leur potion magique ?


Molotov bread basket
Au début de l’invasion russe, les Ukrainiens préparaient des cocktails Molotov pour accueillir ces invités indésirables. Cette arme du pauvre a été inventée pendant la Guerre civile d’Espagne, mais ce sont les Finlandais qui lui ont donné ce nom. En effet, Molotov était le Ministre des affaires étrangères soviétiques, qui prétendait venir en aide au peuple voisin en leur apportant de l’aide alimentaire - sous forme de blindés et de bombes. Déjà à l’époque, les Russes avaient cette étrange manie de déformer les faits. 

Dans les deux cas, les Russes/Soviétiques pensaient ne faire qu’une bouchée du petit pays à leur frontière. Dans les deux cas, ils se sont heurtés à un peuple uni comme un seul homme, femmes, grand-mères, enfants montant tous aux barricades. L’envahisseur a subi de lourdes pertes, aggravées par l’humiliation de l’échec. Les Ukrainiens reçoivent une aide massive de l’occident et les troupes du Troisième Reich sont venues secourir les Finlandais - de façon intéressée, cela va de soi. Les Russes obtiendront le résultat parfaitement opposé à celui escompté, comme aujourd’hui en Ukraine. Malheureusement pour la Finlande, leur alliance avec les forces nazies les mettra dans le camp des perdants au terme de la guerre. Non seulement ils ne bénéficieront pas du Plan Marshall, mais ils devront payer des réparations de guerre à l’Union soviétique. Ils devront également rester neutres et faire profil bas, ne jamais voter contre l’URSS à l’ONU, ne pas collaborer avec quoi que ce soit d’occidental. Cette indépendance-soumission portait le nom de finlandisation. Or la Finlande envisage maintenant de rejoindre l’OTAN, c’est bien la preuve qu’une page historique est en train de se tourner. 


Évacuation de civils de Carélie - mars 1940
Au lendemain du conflit, les Finlandais ont perdu 10% de leur territoire à l’URSS. Les populations vivant dans l’isthme de Carélie ont été évacuées vers le centre de la Finlande, ma mère était une de ces personnes déplacées. Toute sa vie, elle a gardé la nostalgie de son village, perdu à jamais. Terijoki, aujourd’hui Zelenogorsk, était - est toujours - un lieu de villégiature au bord de la Baltique, à une heure de train de Saint-Petersbourg (Léningrad à l’époque). A la chute de l’URSS, les Finlandais ont caressé l’espoir de récupérer leurs terres, mais en vain. Maintenant, ils craignent que leur gros voisin encombrant ne décide que le moment soit venu pour eux de retourner dans le giron de Mère Russie.


A l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne peut prévoir l’issue de l’affrontement qui se déroule à nos portes, aux frontières de l’Union européenne. L’Ukraine perdra-t-elle, comme la Finlande, 10% de son territoire à l’est, sera-t-elle contrainte de céder le Donbass aux appétits insatiables de la Russie ? La Moldavie sera-t-elle la prochaine conquête de Poutine ? Prions pour que le conflit ne dure pas des décennies, comme c’était le cas en Afghanistan. 


L’Ukraine a son héros en la personne de Volodymyr Zelensky, la Finlande avait le maréchal Mannerheim, commandant en chef des forces finlandaises au cours des deux guerres mondiales. C’était un fin stratège militaire, qui a réussi à repousser l’ennemi tout en évitant les pertes humaines. Il est également parvenu à éviter toute persécution des juifs finlandais, malgré les pressions des nazis. Il a ensuite été président du pays de 1944 à 1946. À noter qu’il est décédé à Lausanne et qu’un monument à son honneur a été érigé à Territet, près de Montreux, au parc Mannerheim.


C'est vrai qu'on emporte avec soi son fardeau de soucis et de chagrins qui vous minent, mais s'il y a au monde un endroit pour trouver l'oubli, le calme et le repos, c'est bien la Suisse - Mannerheim

La plage de Terijoki, entre 1917 et 1939

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Hiver


https://www.blick.ch/fr/news/monde/lambassadeur-valtteri-hirvonen-pour-la-finlande-la-guerre-froide-na-jamais-pris-fin-id17512345.html 


Voir aussi : Le mémorial Mannerheim à Territet (Montreux)


Neue Zürcher Zeitung - mai 2022


Face à la Russie, la Finlande s’interroge sur son «talon d’Achille» démilitarisé

Tribune de Genève, juin 2022

Ses milliers d’îlots rocheux, ses paysages bucoliques... et sa zone démilitarisée sous l’oeil d’un consulat russe: dans l’archipel finlandais des îles Åland, toute présence militaire est impossible en vertu de traités avec la Russie remontant à plus de 160 ans.

La demande d’adhésion de la Finlande à l’Otan à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou a relancé le débat sur le statut militaire de cet archipel autonome de 30.000 habitants, niché en mer Baltique à mi-chemin entre la Suède et la Finlande.

«On a toujours pensé: qui voudrait nous attaquer quand nous n’avons rien qui ne mérite d’être capturé ?", explique à l’AFP Ulf Grüssner, un îlien de 81 ans. «Mais cela a changé avec la guerre de Poutine en Ukraine», confie ce retraité vivant à Mariehamn, le chef-lieu de l’archipel, qui a fêté jeudi un siècle de son autonomie. ….

Des armées se sont ainsi disputé le contrôle d’Åland pendant les deux guerres mondiales. «Pourquoi croire, alors que cela n’a jamais été le cas lorsqu’il y a eu des guerres en mer Baltique, que des troupes ne vont pas se précipiter pour contrôler Åland le plus vite possible?", plaide 

Dans ces îles jadis russes, la démilitarisation se fait au départ au détriment de la Russie tsariste, après un traité de 1856 suivant sa défaite lors de la guerre de Crimée. Après l’indépendance de la Finlande en 1917, l’archipel bien que suédophone tombe dans le giron de la nouvelle nation, avec toutefois un statut d’autonomie toujours en vigueur. Au terme de la Seconde guerre mondiale marquées par des années de guerre sanglante entre l’Union soviétique et la Finlande, la démilitarisation d’Åland se poursuit dans un nouveau traité de 1947, cette fois défavorable à Helsinki.

Emblème de l’oeil de Moscou, l’URSS ouvre en 1940 un consulat dans le bourg de Mariehamn, où flotte toujours le drapeau russe aujourd’hui. Depuis le début de la guerre en Ukraine, c’est là que, chaque jour, des habitants d’Åland viennent crier leur colère contre le président russe Vladimir Poutine et son invasion. … La Russie détient aussi une autre maison sur l’île, saisie à la famille d’Ulf Grüssner: son père était allemand et l’accord de 1947 prévoyait que toutes les biens allemands d’Åland deviennent propriété soviétique. «Ils ont donné trois jours à ma mère pour s’en aller», se souvient l’octogénaire, en montrant la maison délabrée dont l’accès est bloqué par une chaîne. En 2009, une partie de la propriété a été transférée directement au Kremlin. Ulf Grüssner redoute de voir l’ex-maison familiale et la démilitarisation servir de «prétexte» à une augmentation de la présence russe dans l’archipel. «C’est improbable, mais d’un autre côté ce n’est pas impossible», juge-t-il.





dimanche 10 mai 2020

Svenskan och jag - Le suédois et moi

Vous trouverez la traduction en française en alternance avec le texte en suédois

Start learning Swedish from scratch - MySwedish - Medium

Svenska är dett sista språket jag lärde mig och med tanke på min ålder blir det sannolikt verkligen det sista. Emellertid har svenska funnits vid min sida hela mitt liv även om jag inte varit medveten av detta. Som finsk har jag alltid sett svenska ord omkring mig som Tryck eller Drag på affärsdörren eller Bio - vilket är ett utmärkt ord för en plats som berättar om människors liv. Min mor använde några uttryck som just lagom, tänka på, vänta lite eller ska vi gå och Hej då ! som jag förstod som barn gör det ...
Le suédois est la dernière langue que j’aie apprise et, compte tenu de mon âge, ce sera sans doute vraiment la dernière. Toutefois, le suédois m’a accompagnée tout au long de ma vie, même si je n’en n’ai pas vraiment été consciente. En tant que Finlandaise, j’ai toujours vu et lu des mots suédois autour de moi, comme par exemple tryck [poussez] ou drag [tirez] sur les portes des magasins ou encore Bio [cinéma], qui est un mot juste parfait pour décrire un lieu où on raconte la vie des gens. Ma mère utilisait fréquemment des tournures telles que just lagom [juste bien, ni trop ni trop peu], tänka på [il faudrait y réfléchir], vänta lite [attends un peu], ska vi gå [on y va ?] ou encore hej då ! [ciao !] - et je comprenais, avec cette facilité naturelle qu’ont les enfants.
swedish alphabet" Metal Print by UnderwaterSky | Redbubble
Je ne sais pas

I Helsinki finns tvåspråkiga gatuskyltar. Eftersom jag alltid har varit nyfiken har jag också alltid läst de svenska namnen och funderat över deras betydelse, t.ex. Sjömansgata eller Salutorget. Ny då jag lär mig svenska förstår jag hur många finska ord som kommer från vårt grannland. Till exempel torg vilket blir tori på finska där det betyder en plats men också marknaden, dvs vad som händer på platsen. Korg blir kori, skylt blir kyltti (finska språket kan inte uttala två konsonanter i början av orden), läxor heter läksyt på finska. Finländerna säger också att de tycker om kanelbullar (tykkään) och att de tycker att de är goda, men de gör inte skillnaden med en preposition. Finländerna upptäckte jämställdhet före alla andra länder med hen subjekten : på finska säger man bara hän för han eller hon och jag har det väldigt svårt att minnas att det inte är så på svenska.


GATUSKYLTAR, 2 st, emaljerad metall, Finland 1900-talets mitt ...A Helsinki, les panneaux de rues sont écrits dans les deux langues, finnois et suédois. Vu ma curiosité, j’ai toujours lu et cherché à comprendre ce qui était écrit en suédois, par exemple Sjömansgata [rue du marin] ou Salutorget [place du marché]. Depuis que j’étudie le suédois, je découvre tous les mots finnois qui dérivent de cette langue. Prenons torg, qui devient tori en finnois; en suédois, ce mot ne désigne qu’une place publique dans une ville ou un village, alors qu’en finnois, il signifie aussi le marché proprement dit, le lieu où on achète des fruits et légumes. Korg devient kori [panier], skylt devient kyltti [panneau] (en finnois, on ne peut pas prononcer deux consonnes au début d’un mot), läxor devient läksyt [devoirs à domicile]. Les Finlandais disent aussi qu’ils tykkää [aiment] les kanelbullar [pâtisserie typique], qu’ils tykkää [avoir un avis] qu’ils sont délicieux, mais ne font pas la distinction entre les deux acceptions au moyen d’une préposition [att tyckä om]. Les suédois ont inventé de toutes pièces un pronom au « genre neutre », à savoir hen (ni han ni hon), mais les Finlandais ont dépassé tout le monde dans ce rayon, puisqu’ils n’ont, depuis toujours, qu’un seul pronom unisexe : hän. Je comprends maintenant pourquoi j’ai tant de peine à me rappeler de faire la distinction han/hon quand je parle suédois. 

Många slangord på finska kommer från svenska, men också ganska vardagliga ord, som skruvmejsel som blir ruuvimeisseli, eller svartsjuk som blir musta-(svart)-sukkainen-(med sockor) ..... därför att sjuk blev missförstått och det bara blev ljudet. Hela mitt liv har jag undrat varför man på finska har svarta sockor på sig när man är svartsjuk (mustasukkainen) !
De nombreux mots d’argot en finnois viennent tout droit du suédois, tout comme des termes tout à fait quotidiens, tels que skruvmejsel [tournevis] qui devient ruuvimeisseli ou encore svartsjuk [jaloux], qui par le détour d’un malentendu phonétique est devenu mustasukkainen [svart = musta =noir + sjuk = sukka = malade]. Et toutes ces années, je me suis demandé pourquoi, en finnois, on dit que quelqu’un porte des chaussettes noires quand il est jaloux ! Le suédois jaloux souffre du mal noir ….
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SWEDEN, 20 Kronor, 2008, bside [WPM P-XXX] [Size 2827 x 15… | Flickr

Apropå prepositioner tycker jag att de är väldigt roliga och konstiga på svenska - och att det ofta finns lite för många för min smak .... men däri ligger precis hela charmen av språken. Prepositioner är det svåraste att lära sig på alla språk. Det är också det som visar ganska klart vilken nivå man har i ett främmande språk. Andra charmen med svenska är att jag nu förstår vad det handlar om i IKEA affärerna !

A propos de prépositions, je trouve qu’on les utilise de façon drôle et étrange en suédois, il y en a souvent un peu trop…. mais c’est précisément là que réside tout le charme de cette langue. Les prépositions sont ce qu’il y a de plus difficile à apprendre, dans toutes les langues. Le bon usage de la bonne préposition, au bon endroit, est un très bon indicateur de la maîtrise qu’on a (ou pas) d’une langue étrangère. Un autre charme propre au suédois, c’est que je comprends dorénavant de quoi il en retourne chez IKEA (les noms des meubles et diverses marchandises) !
Parle-moi en suédois

Förutom prepositioner är uttalet en riktig utmaning. Det finns ljud som inte finns i andra språk, som kj eller sj, men det kanske kommer att lyckas någon gång med väldigt mycket övande. På svenska används det många passiva verbformer och förkortningar, mycket oftare än i andra språk : tom, dvs, pga, mm, osv.... 

Outre les prépositions, l’autre obstacle, c’est la prononciation. Il y a des sons qui n’existent tout simplement dans aucune langue, tels que kj ou sj, mais sans doute qu’avec beaucoup d’entraînement, je finirai par y arriver un jour. Le suédois utilise beaucoup la tournure passive, ainsi que des abréviations, par exemple tom, dvs, pga, mm, osv …. [till och med, det vill säga, med mera, och så vidare….]
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Le "roi des Nègres" banni des aventures de Fifi Brindacier - rts ...

Svenska har några egendomliga ord eller sätt att säga saker. T.ex verben att hinna (som också finns på finska : ehtiä) eller fika. Konstiga ord som kalas deras etymologi är svårt att gissa, detsamma gäller för bråttom eller brådska. Ord och konstruktioner med ihjäl, isär eller ihop kräver att man tänker annorlunda. Krav och saknar är också ord jag minns inte med en gång. Du med ? betyder inte ”Kommer du med mig” utan Du också ? Verbet att bli är som bikarbonat : det kan användas för allt ! Jag blir sen, han blev sjuk, det blir fint.

Ensuite, il y a toutes ces façons inhabituelles de dire les choses, comme le verbe att hinna (avoir le temps de faire quelque chose), que l’on trouve aussi en finnois : ehtiä, ou encore fika, qui désigne la cérémonie du café accompagné de gâteau en cours d’après-midi - quatre lettres suffisent à décrire ce moment privilégié. Ou encore le mot kalas (une fête, cela peut être un anniversaire, un jubilée ou une fête de départ à la retraite), qui ne ressemble à rien et ne semble venir d’aucune langue connue; bråttom ou brådska [être urgent, pressé] ne ressemblent à rien non plus, à mon goût. Ihjäl [accompagne un verbe signifiant un acte visant à tuer quelqu’un, comme shot down en anglais], isär [accompagne un verbe de séparation] ou ihop [accompagne un verbe de réunion, être ensemble] sont des particules qui nous forcent à tourner les phrases autrement. Krav ou saknar [manquer de, avoir besoin de qqch] sont aussi des verbes auxquels je ne pense pas immédiatement. Du med ? ne signifie pas Viens-tu avec moi ? mais plutôt Toi aussi ? Le verbe att bli est un peu comme le bicarbonate : il sert pour tout et on peut en mettre un peu partout ! Jag blir sent [je serai en retard], han blev sjuk [il est tombé malade], det blir fint [ça ira très bien]. 
Dammsugare - "aspirateurs"
För mig är svenska en perfekt blandning av engelska, tyska och finska. De språken hjälper mig att minnas olika ord och talessätt. Jag söker ofta ord genom tyska och det lyckas ganska ofta. Många svenskar pratar mycket bra engelska därför är det inte konstigt att de använder direkt engelska ord som najs, dejt eller sajt. Franska aristokrater också lämnade spår med ord som pjäs, paraply, fåtölj, kutym, pö om pö.


Pour moi, le suédois est un parfait mélange d’anglais, d’allemand et de finnois. Ces trois langues m’aident à me rappeler les mots et les tournures. Quand je cherche un mot, je pense en allemand et, très souvent, je tombe juste. Les Suédois parlent tous très bien l’anglais, raison pour laquelle bon nombre de mots anglais sont entrés dans la langue, par exemple najs [nice], dejt [a date, un rendez-vous galant] ou encore sajt [website]. L’aristocratie française a aussi laissé des traces, avec des mots tels que pjäs [pièce de théâtre], paraply [parapluie], fåtölj [fauteuil], kutym [coutume] ou pö om pö [peu à peu].

För längesedan lärde jag mig att säga Jag talar inte svenska, men nu är det tvärtom och jag kan gärna säga: Så visst talar jag svenska !
Autrefois, il y a fort longtemps, j’avais appris à dire Jag talar inte svenska [je ne parle pas le suédois], mais maintenant, tout a changé et je dis volontiers : Så visst talar jag svenska ! [bien sûr que je parle le suédois !].


* * * * * * * 

Skriven med hjälp av Google translate (för vissa få ord), autocorrect (som funkar väldigt bra, AI har gjort stora framsteg !) och en svensk ordbok app. [Och min svenska lärare läste igenom den 👍]
Texte écrit avec l’aide de Google translate (pour des mots isolés), l’auto-correcteur (qui fonctionne très bien, l’IA a fait d’énormes progrès !) et une appli de dictionnaire suédois sur mon smartphone.  Et ma prof de suédois a relu et corrigé 😉
Nuförtiden finns det många sätt att lära och öva språk, det är helt fantastiskt 😀 
De nos jours, on trouve énormément de moyens d’apprendre les langues, de faire des exercices, c’est tout simplement formidable !
På YouTube finns det TV programm, ofta textat t ex Skavlan eller Malou efter tio. Även sånger, ofta med texterna.
På Facebook kan man följa nyheter på svenska genom att gilla tidningarnas sidor: Dagens Nyheter, Sveriges Radio, Svenska YLE....
På internet kan man lyssna på radio på sajten sverigesradio.se , ofta finns texten med.
SVT.se finns det några program man kan titta på även utomlands, ofta textat.
8sidor.se är en bra sajt för nybörjare, då man kan lyssna och följa texten typ karaoke.
Duolingo appen är också tillämpad för nybörjare.
www.swedishlinguist.com 
Sur YouTube, de nombreux programmes de télévision sont disponibles, souvent avec sous-titres, p.ex. Skavlan ou Malou efter tio (talk shows). On trouve aussi des chansons en suédois, avec sous-titres. Sur Facebook, il suffit d’aimer des pages de journaux pour avoir, au moins, les grands titres : Dagens Nyheter, Sveriges Radio, Svenska YLE ….. puis lire les commentaires Sur internet, on peut écouter la radio, sverigesradio.se , le texte correspondant est souvent proposé (pour les nouvelles). Sur SVT.se (télévision) on peut trouver certains programmes accessibles hors de Suède, avec sous-titres.Sinon www.8sidor.se convient bien pour les débutants, on peut suivre le texte de façon karaoké.Des applications, telles que Duolinguo, conviennent également très bien pour les débutants. www.swedishlinguist.com 

jeudi 20 juin 2019

Le mémorial Mannerheim à Territet



Chaque année, la communauté finlandaise de Suisse se réunit à Territet (Montreux) pour honorer la mémoire du maréchal Mannerheim, le samedi le plus proche de la date de sa naissance, le 4 juin 1867. Mannerheim a écrit ses mémoires à Lausanne, pendant une période de convalescence; il y est décédé le 27 janvier 1951. Véritable héros du peuple finlandais, il est honoré à Helsinki par une statue équestre et un boulevard à son nom. Il a entamé sa carrière militaire à l’âge de 15 ans et a consacré toute sa vie aux armes.

Toutefois, il faut bien noter qu’en Finlande, le rôle de l’armée a toujours été purement défensif. Ce pays n’a jamais colonisé ni conquis qui que ce soit et il a acquis son indépendance vis-à-vis du royaume de Suède et de l’empire de Russie par la négociation et des traités. Les Finlandais ont su défendre leur intégrité territoriale face à l’Union soviétique en 1939, lors de la terrible guerre d’hiver de 1939-40 et ont réussi à rester indépendants, contrairement aux Etats baltes. 


C’est pourquoi la cérémonie au monument Mannerheim, bien que très militaire et officielle, est aussi très émouvante. Elle réussi à toucher quelque chose en moi, bien que je sois très éloignée de mes racines et pas particulièrement attirée par les faits d’armes. Le public était a priori exclusivement finlandais, à l’exception des personnalités tant civiles que militaires représentant la Suisse. Les autorités montreusiennes étaient présentes, ainsi que des hauts gradés de l’armée suisse. Des deux côtés du monument, une dame en costume vaudois, un policier suisse, un soldat finlandais et une Lotta°) J’ai découvert l’existence de l’association finno-suisse des officiers*), signe de liens d’amitié et de coopération étroits entre ces deux pays. Il existe également une Fondation Mannerheim, qui accorde des bourses à de jeunes militaires pour des séjours d’étude et de formation en Suisse. 


Des discours ont été tenus, en français, en allemand, en anglais et en finnois. Le culte ayant précédé la cérémonie était multilingue également. Les soldats faisaient le salut militaire devant le monument pendant le dépôt solennel des gerbes, pendant que les militaires restés devant le public faisaient de même. Il semblerait que toutes les armées du monde pratiquent ce même geste de la main portée à la tempe, mais on m’a expliqué que les marins inclinaient leur main différemment. Les hymnes nationaux suisse et finlandais ont été joués à la trompette (mais pas chantés) et un corps de tambour a marqué les différentes étapes de la cérémonie. Il était frappant de sentir le poids et la force de tous ces rituels très codifiés, qui transmettent quelque chose qui nous enracine dans l’histoire et dans nos origines, tout en créant un sentiment de communion parmi l’assistance. 


Malgré tout son côté officiel et protocolaire, cette commémoration n’avait rien d’une routine qu’on exécuterait de façon blasée. Compte tenu du contexte actuel, avec l’UE qui tente de coincer la Suisse ou la Russie de Poutine qui ne cesse de souffler le chaud et le froid, mes deux pays ont de quoi être très conscients de leur fragilité et de la valeur inestimable de leur liberté et de leur indépendance. Pour une fois, les discours, les symboles, les fleurs, les roulements de tambour, les rangées de médailles sur les uniformes m’ont fait parvenir un message très fort. Ces hommes ne se tenaient pas au garde-à-vous pour la galerie, ce n’était pas du bla bla, du vent, de la figuration. Les discours nous ont rappelé que le rôle premier de l’armée était de préserver la paix et la liberté et je veux bien le croire. Cela semble aller de soi pour nous qui n’avons jamais connu la guerre, mais il ne faut jamais oublier que la paix n’est jamais acquise pour toujours. 


La Suisse est émaillée de monuments divers et variés, en souvenir d’une foule de personnages qui y ont passé un séjour ou laissé une trace. Cette cérémonie se déroule chaque année, depuis 60 ans. C’était la première fois que j’y assistais, peut-être pas la dernière. La Riviera vaudoise est magnifique, Montreux, le lac, les Alpes…. et pourquoi pas, une prochaine fois, j’irai boire un chocolat chaud à Glion en souvenir du Maréchal. Ou un schnaps !

A droite, Esa Pulkkinen, directeur général de l'état-major de l'UE
°) corps para-militaire féminin, qui soutenait les soldats par des fonctions traditionnellement féminines, comme cuisiner, soigner etc.  
*)galerie de photos sur leur site internet


Celui qui devait devenir l'homme-clé de l'indépendance finlandaise fut d'abord officier de cavalerie au service du Tsar Nicolas II à St-Pétersbourg. Après la Révolution de 1917 il sut agir pour transformer la modeste autonomie du Grand-Duché de Finlande en une pleine indépendance. Mais comme son principal appui lui était venu d'Allemagne, son pays se trouva en 1939 du mauvais côté de la barrière.

Quand les Russes attaquent, il organise avec génie la résistance en Carélie. L'invasion allemande mettra un terme à l'agression russe, mais entraînera fatalement dans le sillage de Hitler une Finlande qui le payera cher en 1944. Une fois encore Mannerheim, maréchal depuis 1941, se dévoue: il accepte la présidence du pays pour mener et mènera avec succès les difficiles discussions de l’armistice.

A l'âge de 79 ans, le maréchal Mannerheim décida de démissionner de la présidence de la république de Finlande. Après avoir été le héros de la guerre d'hiver contre les Russes et le père de l'indépendance finnoise, ce symbole de la liberté en Finlande décida de prendre une retraite bien méritée. Il chercha alors un lieu calme avec un climat chaud pour rédiger en toute tranquillité ses mémoires.

Il trouva le lieu idéal et naturel pour prendre sa retraite sur les bords du lac Léman, à Montreux. Dans une lettre à un ami, il écrivit: "C'est vrai qu'on emporte avec soi son fardeau de soucis et de chagrins qui vous minent, mais s'il y a au monde un endroit pour trouver l'oubli, le calme et le repos, c'est bien la Suisse" Le héros de la guerre d'hiver se reposa à Valmont, où il se faisait soigner. Mannerheim s'efforçait de se remémorer ses aventures, qu'il écrivait aussitôt dans ses mémoires.

Chaque jour, le maréchal faisait sa promenade sur les hauts de Montreux, en admirant le lac et les montagnes. Sa promenade le conduisait jusqu'à Glion, où il dégustait un chocolat chaud au tea-room Steffen. Cette confiserie existe toujours, et l'on peut encore, sur les pas du maréchal, gravir la route des hauts de Montreux et faire une pause dans ce tea-room. La propriétaire, celle-là même qui a accueilli maintes fois le maréchal, perpétue aujourd'hui encore la tradition et renseigne volontiers sur l'époque du maréchal.

Le maréchal s'éteignit à Lausanne, le 28 janvier 1951. Une statue fut érigée en son honneur sur les bords du Léman, à Montreux. On peut visiter aujourd'hui le monument à Mannerheim, situé dans le parc éponyme, au lieu dit Territet. La promenade enchanteresse qui longe le lac guide le promeneur vers une place dominée par ce monument majestueux. Aujourd'hui, de nombreux Finlandais et admirateurs du maréchal viennent se recueillir sur cette place qui lui est dédiée.





Le cocktail Mannerheim

Le maréchal Mannerheim avait demandé, lors de la célèbre guerre d'hiver, une nouvelle recette de schnaps à son lieutenant. Après une semaine d'essais, celui-ci inventa un cocktail à base de Schnaps, Gin et Vermouth. Le liquide est versé très froid dans un verre que l'on remplit à raz-bord. Il convient ensuite de boire sans laisser tomber la moindre goutte du précieux breuvage. La recette exacte est tenue secrète par le Mikkeli-Club, du nom de la ville fortifiée du maréchal. On trouve néanmoins en Suisse les principaux ingrédients qui font la légendaire saveur du cocktail Mannerheim.