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jeudi 29 septembre 2011

En ville à vélo


«T’es à vélo?!?!?» s’écrient immanquablement les gens quand ils me voient enfiler mon gilet de chantier orange avec des bandes fluo. «Non, je vais en discothèque, c’est du dernier chic et ça fait un effet boeuf avec les stroboscopes» ai-je envie de répliquer. En réalité, cette réaction n’a rien d’étonnant, car circuler à vélo en ville tient à la fois du courage et de la témérité, voire de l’inconscience. D’ailleurs, la première consternation passée, j’entends quasi-immédiatement: «T’es bien courageuse!»

Voilà environ trente ans que la Petite Reine me transporte fidèlement de par la ville et de par le canton. Il m’est même arrivé de faire Ferney-Voltaire - Gaillard aller-retour dans la même journée, mais pas en une seule fois, faut pas pousser.... C’est vraiment le mode de transport idéal pour avoir quelque chance d’avancer raisonnablement en ville. Le seul inconvénient, outre la pluie, c’est qu’il faut se méfier de tout le monde. La priorité ne compte pas vraiment pour les deux-roues, les pistes cyclables non plus, car elles sont idéales pour déposer un passager ou des livraisons, voire pour se stationner, après quoi, la portière s’ouvre du côté rue sans crier gare et surtout sans regarder. Les giratoires sont de vrais coupe-gorge et les piétons un danger omniprésent. Il faut se méfier des rues à notre droite: la voiture derrière nous s’y engouffrera moyennant une habile queue de poisson, la voiture venant d’en-face itou. En un mot, les cyclistes sont invisibles. C’est bien pourquoi je deviens un zèbre fluo au crépuscule et, contrairement à bon nombre de mes congénères, je veille à avoir un phare qui fonctionne. Je complète la tenue de combat de divers catadioptres et loupiotes supplémentaires.

Après avoir garanti sa survie, tant bien que mal, il ne reste plus qu’à trouver des raccourcis et des itinéraires malins pour éviter les voitures. Certaines rues moins fréquentées ont des pistes cyclables à contre-sens, qui sont de véritables cadeaux empoisonnés, car les automobilistes ne s’attendent pas à nous voir arriver. Les trottoirs nous sont interdits, mais parfois, on n’a vraiment pas le choix. J’emprunte très souvent les passages cloutés, doucement, en respectant les piétons; s’il le faut, je mets pied à terre. Au Quai du Seujet, un ascenseur astucieux permet d’éviter une montée très pénible. On peut y mettre jusqu’à trois vélos. L’ambiance y est toujours très sympathique, les gens échangent quelques mots et une drôle de complicité s’installe pendant les quelques secondes que dure le trajet.

La vue à l'arrivée au 6ème étage

Franchement, je ne comprends pas les gens qui s’obstinent à prendre leur voiture pour se déplacer en ville. Ils avancent à la vitesse de l’escargot, ils s’énervent contre les feux qui restent verts 4 secondes et rouges 120 secondes, ils tournent en rond à la recherche d’une place de stationnement, à moins qu’ils ne choisissent le parking souterrain où chaque minute coûte son pesant de caviar. Et je ne parle même pas du risque d’agression. Avec le vélo, on échappe même au car-jacking! Le vélo-jacking n’a sans doute pas encore été inventé.


Rien d’étonnant alors à ce que la plupart des villes d’Europe encouragent le deux-roues en ville, avec des formules de bicyclettes publiques payantes qui se garent sur des bornes prévues à cet effet. La Scandinavie et les Pays-Bas ont évidemment été les pionniers en la matière. Plus près de nous, Paris a lancé ses Vélib’, Strasbourg a le VelHop, Bruxelles le Villo! Dans les années -80, Genève a connu les vélos roses, à partager fraternellement et gratuitement. La nature humaine étant ce qu’elle est, ces pauvres petites choses sans défense ont très rapidement été vandalisées, jetées dans le Rhône ou cadenassées par de petits esprits égoïstes et pas baba-cool pour deux sous.

En attendant que notre bonne ville trouve le bon nom rigolo pour son système de vélo-partage, ce serait déjà une bonne chose si on pouvait avoir des parkings sécurisés, par exemple à la gare. Cela éviterait les vols et le sabotage. Le justicier masqué qui crève les pneus des vélos mal garés pourrait enfin prendre un peu de repos et le cycliste lambda n’aura plus besoin de racheter une sonnette tous les quinze jours.

Je rêve d’une ville où les bicyclettes seront plus nombreuses que les voitures. L’ambiance sera plus sereine et l’air plus respirable. Il y aura forcément encore des kamikazes qui fonceront aveuglement comme si la terre leur appartenait, mais peut-être qu’on parviendra à les amadouer. Je rêve aussi d’une sonnette involable et insabotable. Cet accessoire coûtant entre 3,- et 4,- quand il est neuf, sa valeur sur le marché noir doit tourner autour de 1 roupie de sansonnet. Quand il n’est pas possible de le voler, parce qu’il a été collé à l’Araldit, eh bien on se console en cassant le heurtoir. Ah, les petits plaisirs de la méchanceté gratuite!

Parking à vélos aux Pays-Bas

Voir aussi: Terroriste, tendance deux-roues

mercredi 10 novembre 2010

Terroriste, tendance deux-roues


Un politicien local a récemment crée le néologisme cycloterroriste pour qualifier les cyclistes indisciplinés qui sillonnent notre bonne ville : ceux qui brûlent les feux rouges, qui roulent sans phare ni casque sur le trottoir au risque de renverser des grand-mères, qui traversent des parcs remplis de bambins comme des Fangio, etc… Ce n’est pas entièrement faux, c’est juste un tantinet exagéré.

Les terroristes sont partout et ils appartiennent aussi à d’autres obédiences qu'à celle des cyclopacifistes. Moi qui circule en ville à pied, à vélo, en scooter, en bus et même en voiture parfois (en mettant 30 minutes pour parcourir 200m, histoire vraie), je puis vous assurer que personne, mais alors personne ne respecte le code de la route. Il va sans dire que les automobilistes sont les plus arrogants et les plus dangereux. J’ai pris l’habitude, quand je passe à l’orange, de regarder derrière moi. Il y a toujours au moins deux véhicules qui passent encore, alors que le feu ne peut être que rouge. Les autoterroristes téléphonent au volant, se garent sur les trottoirs, sur les passages piétons, sur les pistes cyclables et n’hésitent pas à ouvrir leur portière du côté de la rue, au prix d’un homicide par négligence s'il le faut.

On trouve aussi la branche des bussoterroristes qui, vu leur volume considérable, ont toutes les peines du monde à accepter de rester coincés à l’intérieur des lignes jaunes qui délimitent leur territoire. A vélo, quand on voit arriver un bus derrière ou à côté de soi, il vaut mieux, en effet, monter sur le trottoir, quitte à effrayer un caniche. Notre vie en dépend. La piste cyclable coïncide souvent avec les arrêts de bus et la vitesse des deux modes de locomotion étant quasiment identique, ça devient alors un jeu du chat et de la souris, la règle étant qu’il faut arriver à quitter l’arrêt de bus avant que le brontosauroterroriste ne vous fonce dessus.

Mais la race la plus vilipendée est bien celle des scooterroristes. Rien ne les arrête. Ils remontent les files de voitures par la droite, ils squattent les pistes cyclables et se garent sur les trottoirs. Bien obligés, il n’y aucune autre place prévue pour eux. Cela dit, je ne vous souhaite pas d’être dans une ambulance le jour où les scooters décideront de respecter le règlement, car si chacun d’eux occupait la place d’une voiture comme ils devraient le faire, plus rien ne bougera en ville. Il y aura des morts et des blessés, je vous aurai avertis.


Reste la catégorie des saints innocents, des martyres au-dessus de tout reproche : les piétons. Etant donné qu’il ne faut ni permis, ni macaron, ni timbre fiscal, ni casque, ni catadioptre, ni examen de la vue après 70 ans pour marcher dans la rue, les piétons ne sont apparemment pas tenus de faire attention aux autres. Ils traversent la chaussée où et quand ça leur chante, de préférence en surgissant à l’improviste entre deux voitures en stationnement ou dans la nuit la plus noire. Les mamans avec poussette ont une priorité aussi magique qu’automatique. La Force est avec elles.

La ville est totalement congestionnée par la circulation, les innombrables chantiers n’arrangeant en rien la situation. Les autorités cherchent par tous les moyens à décourager les automobilistes en réduisant la voirie disponible et en supprimant des places de parking à tour de bras. Les scooters ne sont ni chair ni poisson, les contraventions suivent le même barême que celui des véhicules à quatre roues, mais rien n’est prévu pour eux, ni parkings ni souplesse dans le code de la route. Quant aux vélos, ils sont transparents, les pistes cyclables offrent des espaces de rêve aux camions de livraison ou aux taxis qui attendent leur client. Les transports publics annoncent, quant à eux, une augmentation de leurs tarifs. Alors que faire ?

De tous les moyens de transports possibles, ma préférence va de loin à la petite reine. Loin d’être idéale quand il pleut, elle permet, par beau temps, d’arriver à l’heure à ses rendez-vous sans devoir se faire de bile au moment de se garer. En pédalant, je réduis non seulement mon empreinte carbone mais aussi mon taux de cholestérol. Mon petit cœur palpite pour me dire merci et je sens, à chaque déplacement, que je me fais du bien.

Si seulement le monde était peuplé de cycloterroristes, la ville serait plus pacifique et bien plus agréable à vivre!